Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/344

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preuves orales propres à manifester la vérité. Maintenant c’est sur toi que ces maux retombent ; mais l’affliction est aussi pour moi, car la mort des gens de bien ne saurait plaire aux dieux ; ce sont les méchants, avec leurs enfants et toute leur race, que nous aimons à abattre.

Le Chœur.

Le voilà, l’infortuné ! on l’apporte ; son jeune corps et sa tête blonde sont horriblement défigurés. Ô maison déplorable ! Quel double coup a plongé ce palais dans le deuil ? C’est la main des dieux.

Hippolyte poussant des cris de douleur.

1347Ah ! ah ! hélas ! Malheureuse victime des injustes arrêts d’un injuste père ! Je meurs. Ô dieux ! les douleurs ravagent ma tête ; les convulsions ébranlent mon cerveau. Arrête ! que mon corps épuisé se repose un instant. Ah ! ah !… Ô char funeste, coursiers que j’ai nourris, élevés de mes mains, c’est vous qui m’avez déchiré, qui m’avez arraché la vie. Hélas ! hélas ! Amis, au nom des dieux, maniez avec précaution les plaies de mon corps. Qui se tient à droite près de mes flancs ? Soulevez doucement mon corps ; portez avec des mouvements doux et réguliers un malheureux voué à la vengeance des dieux par l’erreur d’un père. Jupiter, Jupiter, vois-tu ce spectacle ? Moi, dont le cœur pur respecta toujours les dieux, moi, qui me distinguai entre tous par ma chasteté, une mort cruelle me précipite au séjour de Pluton. C’est en vain que j’ai pratiqué envers les hommes les pénibles devoirs de la vertu. Ah ! ah ! hélas !… la douleur, la cruelle douleur redouble. — Laissez un infortuné, et que la mort vienne me guérir. Tuez-moi, frappez-moi ! Qui me donnera un glaive pour trancher le fil