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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/36

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 sur les hommes ? ou l’opinion de ceux qui admettent l’existence des dieux n’est-elle qu’une chimère, et est-ce le hasard qui gouverne toutes choses parmi les mortels ? N’est-ce pas ici la reine de l’opulente Phrygie ? n’est-ce pas l’épouse du puissant Priam ? Et maintenant sa patrie est ruinée par la guerre ; esclave elle-même, accablée par l’âge, privée de ses enfants, elle gît sur la terre, et souille de poussière sa tête infortunée. Hélas ! hélas ! je suis vieux ; cependant puissé-je mourir, plutôt que d’être accablé par une chute humiliante ! Lève-toi, infortunée ! soulève ton corps appesanti et ta tête blanchie.

HÉCUBE.

[501] Qui es-tu, toi qui ne veux point laisser mon corps gisant ? Qui que tu sois, pourquoi troubles-tu mon affliction ?

TALTHYBIUS.

O femme, je suis Talthybius, le héraut de l’armée des Grecs : c’est Agamemnon qui m’envoie te chercher.

HÉCUBE.

Ami, est-ce la résolution des Grecs de m’immoler aussi sur le tombeau d’Achille, que tu viens m’annoncer ? Tu serais le bienvenu. Hâtons-nous, courons ; vieillard, conduis mes pas.

TALTHYBIUS.

Je viens pour te conduire vers le corps de ta fille, afin que tu lui donnes la sépulture. Ce sont les deux Atrides et l’armée des Grecs qui m’envoient.

HÉCUBE.

[511] Hélas ! que dis-tu ? Quoi ! ce n’est point pour me préparer à la mort que tu viens vers moi, mais pour m’annoncer des malheurs ? Ô ma fille, tu es morte arrachée aux bras de ta mère, et je reste privée de mon enfant : malheureuse que je suis ! Comment l’avez-vous immolée ?