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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/41

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 nous enveloppent. Et notre propre démence, et celle d’autrui, a fait fondre des calamités communes sur la terre du Simoïs. La querelle dans laquelle un berger, sur l’Ida, a jugé entre trois filles des dieux, a été vidée par la guerre, par le carnage, et par la ruine de ma maison. Sur les bords riants de l’Eurotas gémit aussi la jeune Lacédémonienne en pleurs ; une mère désolée de la mort de ses fils porte une main furieuse sur sa tête blanchie, et elle déchire son visage de ses ongles ensanglantés.



L’ESCLAVE (30).

[658] Troyennes, où est la malheureuse Hécube, dont les infortunes surpassent celles de tous les autres, hommes ou femmes ? Nul ne lui disputera cette triste couronne.

LE CHŒUR.

Que veux-tu, malheureuse, avec tes cris de mauvais augure ? tu ne laisses jamais sommeiller tes tristes nouvelles.

L’ESCLAVE.

C’est à Hécube que j’apporte ce nouveau sujet de deuil : mais, dans l’infortune, il n’est pas facile de faire entendre des paroles de joie.

LE CHŒUR.

La voici qui s’avance hors de la tente ; elle arrive à propos pour t’entendre.

L’ESCLAVE.

Ô maîtresse infortunée, plus encore que je ne puis le dire ! tu es perdue, tu ne vois plus la lumière du jour ;