Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/428

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elle a porté le feu dans un autre ménage ; elle immole à la triste discorde la Troyenne infortunée, avec son enfant. Meurtre sacrilège, injuste, dénaturé ! Un jour, Hermione, tu seras en proie au repentir de ces attentats.

Mais je vois s’avancer devant le palais ce couple si étroitement uni, frappé par une sentence de mort. Ô femme infortunée, et toi, malheureux enfant qui meurs pour expier l’hymen de ta mère, innocent de toute faute et irréprochable devant tes maîtres !


Andromaque

Je descends au tombeau, les mains ensanglantées par d’indignes liens.

Molosse

Ah ! ma mère, ma mère, j’y descends avec toi, sous ton aile, victime dévouée à la mort. Ô maîtres du pays de Phthie ! ô mon père ! viens au secours de ta famille.

Andromaque

Ô cher enfant ! tu seras donc couché dans la terre sur le sein de ta malheureuse mère ; ton corps, privé de vie, reposera sur son corps glacé.

Molosse

Hélas ! hélas ! que va-t-on me faire, ainsi qu’à toi, ma mère ?


Ménélas

Descendez dans le séjour des ombres, vous qui venez d’une ville ennemie. Vous mourez tous deux par deux arrêts différents : toi, c’est ma sentence qui te condamne ; et ton fils, c’est ma fille Hermione. De la part d’un ennemi, c’est une grande démence d’épargner