Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/452

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ne t’a-t-il pas frappé devant Troie, aux bords du Simoïs ?

le chœur

Sa mort, ô vieillard, en eût été plus glorieuse, et ton sort plus heureux.

Pélée

Ô funeste hyménée, qui as perdu ma ville et ma famille ! Ah ! plût au ciel que jamais ma race n’eût contracté cette alliance funeste ! que jamais, ô mon fils, le mauvais génie d’Hermione n’eût causé ta ruine ; mais qu’auparavant la foudre l’eût frappée ! Plût au ciel que jamais, pour venger ton père atteint par une flèche fatale, tu n’eusses accusé Phébus d’avoir versé le sang de ton père, le sang de Jupiter, osant, faible mortel, attaquer un dieu !

le chœur

Hélas ! hélas ! commençons à déplorer par des lamentations la mort de notre maître, selon la loi des mânes.

Pélée

Ah ! vieillard infortuné, je répondrai par des larmes à vos tristes accents.

le chœur

C’est par l'ordre d’un dieu ; un dieu a frappé ce coup affreux.

Pélée

Mon cher fils, tu laisses ta maison déserte et ton vieux père dans l’abandon.

le chœur

Ah ! vieillard, il fallait mourir avant de creuser la tombe de tes enfants.

Pélée

Arrachons mes cheveux blancs, frappons ma tête chenue et désolée ! Ô ma patrie, Phébus m’a ravi mes deux fils.