Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/453

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le chœur

Ô vieillard né pour souffrir et pour voir tant d’horreurs, quelle sera ta vie à l’avenir ?

Pélée

Sans enfants, dans l’abandon, sans voir de terme à mes malheurs, j’épuiserai mes souffrances jusqu’à la mort.

le chœur

En vain une déesse t’honora de son hymen.

Pélée

Frivole honneur dont je m’enorgueillissais ! tout a disparu, tout s’est évanoui.

le chœur

Tu erres solitaire dans ce palais désert.

Pélée

Pour moi plus de patrie. Loin de moi ce sceptre inutile ! Fille de Nérée, qui habites les antres sombres, je suis perdu sans ressources : tu me vois prosterné dans la poussière.

le chœur

Quel soudain tremblement ! un dieu fait sentir sa présence : voyez, mes amies, contemplez cette divinité qui traverse la lumière éthérée, et s’avance sur les fertiles prairies de Phthie.


Thétis

Pélée, en souvenir de notre ancien hymen, moi, Thétis, je quitte le séjour de Nérée ; et d’abord je t’engage à ne pas céder au désespoir, dans le malheur qui t’arrive. Moi-même, hélas ! qui n’aurais pas dû verser des larmes sur mes enfants, j’ai vu périr le fils que j’eus de toi, Achille aux pieds légers, le premier héros de la Grèce. Je vais te faire connaître le sujet qui m’amène ; écoute-