Ô vieillard né pour souffrir et pour voir tant d’horreurs, quelle sera ta vie à l’avenir ?
Sans enfants, dans l’abandon, sans voir de terme à mes malheurs, j’épuiserai mes souffrances jusqu’à la mort.
En vain une déesse t’honora de son hymen.
Frivole honneur dont je m’enorgueillissais ! tout a disparu, tout s’est évanoui.
Tu erres solitaire dans ce palais désert.
Pour moi plus de patrie. Loin de moi ce sceptre inutile ! Fille de Nérée, qui habites les antres sombres, je suis perdu sans ressources : tu me vois prosterné dans la poussière.
Quel soudain tremblement ! un dieu fait sentir sa présence : voyez, mes amies, contemplez cette divinité qui traverse la lumière éthérée, et s’avance sur les fertiles prairies de Phthie.
Pélée, en souvenir de notre ancien hymen, moi, Thétis, je quitte le séjour de Nérée ; et d’abord je t’engage à ne pas céder au désespoir, dans le malheur qui t’arrive. Moi-même, hélas ! qui n’aurais pas dû verser des larmes sur mes enfants, j’ai vu périr le fils que j’eus de toi, Achille aux pieds légers, le premier héros de la Grèce. Je vais te faire connaître le sujet qui m’amène ; écoute-