Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/495

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s’est comporté en brave. Non, je ne saurais ni faire de pareilles questions, ni croire à ceux qui osent y répondre. À peine a-t-on le temps de veiller à sa propre vie, quand on est en face de l’ennemi.


ADRASTE.

Écoute donc : c’est une tâche qui m’est douce d’avoir à faire l’éloge de ces amis, dont je ne veux rien dire que de vrai et de juste. Vois-tu celui-ci, que la foudre de Jupiter a frappé ? c’est Capanée ; il jouissait d’une brillante fortune, et n’en conçut jamais d’orgueil ; ses sentiments n’avaient rien de plus fier que s’il eût été pauvre, fuyant ceux qui tiraient vanité d’une table somptueuse, et qui dédaignaient une vie frugale : car, disait-il, le mérite ne réside pas dans les mets qui nous servent de pâture, et peu suffît à nos besoins. Il était ami véritable, pour les absents comme en leur présence et le nombre de pareils amis n’est pas grand : cœur sincère, abord affable, jamais de violence envers ses serviteurs, ni envers les citoyens ! Le second est Étéocle, héros exercé à la pratique de la vertu : il était jeune, et dénué des biens de la fortune, mais il obtint de nombreux honneurs dans la terre d’Argos. Ses amis lui offrirent souvent de l’or, qu’il ne voulut point recevoir, pour ne pas laisser asservir son caractère, et ne pas plier sous le joug de l’argent. C’étaient les méchants, et non la cité, qu’il haïssait ; car une cité n’est pas coupable du mauvais renom que lui donne un méchant qui la gouverne. — Le troisième est Hippomédon : dès l’enfance, il résolut