Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/496

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de négliger les plaisirs des Muses et les douceurs de la vie ; il habitait les champs, et, endurcissant son corps à la fatigue, il aimait tout ce qui fortifie le courage : ardent à la chasse, à monter à cheval, et à tendre Tare, il voulait offrir à sa patrie un citoyen capable de la défendre. — Cet autre est le fils de la chasseresse Atalante, Parthénopée, qui par sa beauté effaçait tous les autres. Il était d’Arcadie, il vint sur les bords de l’Inachus, et fut élevé dans Argos : et d’abord, comme il convient aux étrangers admis à séjourner dans le pays, il ne se rendit ni à charge ni odieux aux citoyens ; jamais il ne fut querelleur, défaut le plus propre à rendre un homme insupportable, soit citoyen, soit étranger : et lorsqu’il fut admis dans les rangs de l’armée, il défendit le pays comme un véritable Argien : il se réjouissait de ses succès, et s’affligeait de ses revers ; et quoiqu’il eût bien des amants, et qu’il ne fût pas moins aimé des femmes, il conserva toujours une pureté sans reproche. — Pour Tydée, je ferai de lui un grand éloge en peu de mots : il ne brillait pas par la parole, mais sous le bouclier il avait l’esprit ingénieux et fécond en stratagèmes : inférieur à son frère Méléagre par la prudence, il se fit un nom égal dans la science de la guerre, et mit tout son génie inventif dans l’art de combattre : cœur avide de gloire, esprit riche et fécond pour agir, inférieur lorsqu’il s’agissait de parler. Après ce que je viens de te dire, ne t’étonne plus, Thésée, que de tels hommes aient affronté la mort devant Thèbes : la bonne éducation inspire le sentiment de l’honneur ; l’homme exercé à la vertu rougirait de devenir un méchant. Le courage peut s’apprendre, puisqu’on