Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/498

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en le soin aux esclaves ; et nous, chargeons-nous des autres. Qu’on porte les cadavres devant nous.


ADRASTE.

Mères infortunées, suivez les corps de vos fils.


THÉSÉE.

Ce que tu dis là, Adraste, est sans utilité.


ADRASTE.

Comment ?


THÉSÉE.

Il ne convient pas aux mères de toucher les corps de leurs enfants : elles mourraient en les voyant si défigurés. C’est un spectacle odieux, même au prince des morts. Pourquoi donc veux-tu ajouter à la douleur de ces femmes ?


ADRASTE.

Tu dis vrai. — Vous, restez ici patiemment ; Thésée a raison. Lorsque nous aurons mis les corps sur le bûcher, vous viendrez recueillir leurs ossements. Mortels infortunés, pourquoi vous armer de lances, et vous animer au meurtre les uns des autres ? Arrêtez ; mettez un terme à ces fatigues ; restez au sein des villes, et vivez paisibles au milieu d’habitants paisibles. La vie est courte ; il faut la traverser le plus facilement possible, et non dans les dangers.


LE CHŒUR

Je n’ai plus de fils, je ne suis plus une heureuse mère, il n’est plus de bonheur pour moi parmi les mères argiennes. Diane, qui préside aux enfantements, n’aura plus de commerce avec nous, qui avons perdu nos enfants. Ma vie sera misérable ; telle qu’un nuage fugitif, je suis le jouet des vents orageux.

Nous étions sept mères, qui avions enfanté sept fils