Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/504

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qu’une fille : les fils ont l’âme plus fière, mais moins affectueuse et moins disposée aux caresses. Eh bien donc, conduisez-moi au plus tôt dans ma demeure, plongez-moi dans les ténèbres ; je veux y laisser périr sans nourriture mon corps, déjà consumé par l’âge. Que me servira dé toucher les cendres démon enfant ? Ô vieillesse indomptable, que je te hais ! Je hais aussi tous ceux qui cherchent ! à prolonger la vie par des aliments, des breuvages et des j secrets magiques, détournant le cours naturel, pour éviter la mort ; eux qui, désormais inutiles sur la terre, devraient mourir, et céder la place à la jeunesse.


DEMI-CHŒUR.

Hélas ! voilà qu’on rapporte les os de nos enfants, dont la flamme a consumé les corps : soutenez, fidèles esclaves, une mère débile (car la perte de mes fils m’a ravie toutes mes forces), qui traîne trop longtemps une vie consumée par la souffrance. Est-il pour les mortels une douleur plus grande, que de voir mourir ses enfants ?


UN ENFANT

Malheureuse mère, je rapporte du bûcher les cendres I de mon père, fardeau que la douleur rend bien pesant, et qui tient pourtant dans cette urne étroite.


DEMI-CHŒUR.

Ah ! tu fais verser de douces larmes à ta mère, en lui apportant ces cendres légères, qui remplacent les corps de ces héros jadis illustres dans Mycènes.


L’ENFANT.

Et moi, infortuné, privé d’un tendre père, j’habiterai une maison déserte ! Celui qui m’a donné le jour ne me serrera plus dans ses bras.