Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/535

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses entrailles d’un nouveau feu. Il mêle ses chants discordants aux pleurs de mes compagnons ; tout l’antre en retentit. Moi, je me dérobe en secret, prêt à vous sauver avec moi, si vous voulez me seconder. Dites-moi donc si vous désirez ou non fuir un monstre insociable, pour aller habiter le palais de Bacchus avec les jeunes naïades. Ton père, qui est dans l’antre, m’a déjà témoigné ce désir ; mais il est faible et ne songe qu’à boire : comme un oiseau pris à la glu et qui bat vainement de l’aile, il ne peut se détacher de la coupe qu’on lui présente. Toi qui es jeune, échappe au danger avec moi ; retourne à ton ancien ami Bacchus, auquel le Cyclope ressemble si peu.

Le chœur

[437] O cher ami, puissions-nous voir luire cet heureux jour, et nous dérober au joug du Cyclope impie ! Depuis longtemps nous sommes privés du plaisir de boire ; mais nous ne pouvons échapper à ce maître cruel.

Ulysse

Écoute donc quel moyen j’ai trouvé pour nous venger de ce monstre sauvage, et pour te délivrer de la servitude.

Le chœur

Parle, car je n’aurais pas plus de plaisir à entendre les sons de la lyre asiatique[1] que la nouvelle de la mort du Cyclope.

Ulysse

Dans la joie que lui inspire la liqueur de Bacchus, il veut aller à un festin avec ses frères les Cyclopes.

Le chœur
  1. Elle avait été inventée en Lydie, patrie des Ménades. Les Satyres avaient dû l’entendre fréquemment à la suite de Bacchus.