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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/536

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Je comprends : tu veux le surprendre dans les bois et le tuer, ou le précipiter du haut des rochers.

Ulysse

Rien de tel ; mon dessein est profondément combiné.

Le chœur

Quel est-il ? Nous avons dès longtemps ouï parler de ta prudence.

Ulysse

[451] Je le détournerai d’aller à ce festin, en lui disant qu’il ne faut pas donner ainsi son vin aux autres Cyclopes, mais le garder pour lui seul, et mener joyeuse vie. Ensuite, lorsqu’il dormira vaincu par Bacchus, je prendrai une tige d’olivier qui est dans la grotte, j’en aiguiserai le bout avec mon épée, et je la mettrai au feu ; puis, quand je la verrai embrasée, je l’en retirerai tout ardente et l’enfoncerai au milieu du front du Cyclope, et son œil sera bientôt consumé. Comme un homme qui construit la charpente d’un navire fait mouvoir rapidement sa tarière au moyen de deux courroies[1], je tournerai le tison dans l’orbite de l’œil, et je dessécherai ses paupières.

Le chœur

Oh ! quelle joie ! Je suis transporté de cette invention.

Ulysse

Après cela je t’embarquerai avec nos amis et ton père

  1. Homère, Odyssée. IX, 81 ; « Comme lorsqu’un charpentier perce avec une tarière une planche de bois pour l’employer à la construction d’un vaisseau, il appuie l’instrument par-dessus, et ses compagnons au-dessous le font tourner avec sa courroie qui va et vient des deux côtés, et la tarière tourne sans cesse ; de même nous faisions tourner ce pieu dans 1’œi1 de ce monstre. »