Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/538

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bientôt pleurera, fait entendre des accents discordants, et s’avance hors de la caverne. Allons, formons aux plaisirs ce sauvage malappris : il sera bientôt complètement aveugle.

Le chœur

Heureux celui qui s’enivre de la liqueur chérie de Bacchus, qui, couché dans un festin, presse dans ses bras un être chéri, et, dans son lit, joue avec les cheveux blonds et parfumés de sa maîtresse ! Il chante alors : « Qui m’ouvrira la porte[1] ? « 

Le cyclope

[503] Pan ! pan ! pan !… Je suis tout plein de vin ; cet excellent festin m’a tout réjoui ; mon estomac, comme un vaisseau chargé, est rempli jusqu’aux bords. Ce beau gazon m’invite à célébrer la fête du printemps avec mes frères les Cyclopes. Allons, mon cher hôte, passe-moi l’outre ; donne-la-moi.

Le chœur

Le brillant Cyclope au doux regard sort de sa brillante cour : il est beau, et il nous aime. Des flambeaux luiront bientôt pour ton corps, et, comme pour une tendre épouse, dans cet antre frais, une couronne émaillée de mille couleurs ornera ton front.

Ulysse

Cyclope, écoute-moi, car je connais dès longtemps ce Bacchus que je t’ai donné à boire.

Le cyclope

Et ce Bacchus passe donc pour un dieu ?

Ulysse
  1. Ces mots paraissent être le commencement d’une chanson populaire. Le Cyclope, qui a entendu les premiers mots, continue en imitant le bruit de l’amant qui frappe à la porte de sa maîtresse : « Pan, pan, pan ! »