Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/542

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Oui, par Jupiter, le vin est doux. Il faut aussi que tu te mouches, pour mieux boire.

Le cyclope

Voilà qui est fait, mes lèvres et ma barbe sont propres.

Silène

Range donc ton coude comme il faut, et ensuite bois, comme tu me vois faire…, et comme tu ne me vois plus[1].

Le cyclope

Holà, holà… que fais-tu ?

Silène

J’ai avalé d’un trait, fort agréablement.

Le cyclope

Prends la coupe, mon hôte, et sois toi-même mon échanson.

Ulysse

En effet, la vigne connaît ma main.

Le cyclope

Allons, verse maintenant.

Ulysse

Je verse ; seulement fais silence.

Le cyclope

Tu demandes là une chose difficile à celui qui boit beaucoup.

Ulysse

[570] Prends et bois, et ne laisse rien.

Le cyclope

Il faut mourir quand la coupe est vidée[2].

  1. M. Boissonade explique très bien ce jeu de scène, qui consistait à avaler la coupe avec tant de rapidité, que l’intervalle qui séparait les deux hémistiches fût a peine sensible.
  2. Ce vers est ordinairement attribué à Ulysse. J’ai suivi M. Boissonade, qui, dans son édition, le donne au Cyclope.