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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/75

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à ses citoyens de nous donner asile sous leur toit ou à leur foyer, ou d’adresser la parole aux parricides ; et voici le jour fatal qui décidera si nous devons périr lapidés, ou si l’on doit aiguiser le fer pour trancher nos têtes. [52] Cependant nous avons encore quelque espoir de ne pas mourir : Ménélas revient de Troie ; son vaisseau, déjà entré dans le port de Nauplie, aborde sur le rivage, après avoir erré longtemps sur les mers. Pour hélène, cause de tant de larmes, Ménélas a profité de la nuit pour l’envoyer dans ce palais, craignant que ceux dont les enfants sont morts sous Ilion, la voyant reparaître pendant le jour, ne voulussent la lapider. Elle est là, à pleurer sa sœur et les malheurs de sa maison : elle a cependant une consolation à ses douleurs : sa fille Hermione, que Ménélas, à son départ pour Troie, mena de Sparte en ces lieux, et qu’il confia à ma mère pour l’élever, Hermione fait sa joie et efface le souvenir de ses maux. Je porte mes regards sur le chemin qui conduit au palais, pour voir si Ménélas arrive ; car nous n’avons qu’un faible secours à attendre des autres, si nous ne sommes sauvés par lui : il n’est plus de ressources pour une maison dans l’infortune.

Hélène

[71] Fille d’Agamemnon et de Clytemnestre, Électre, dont les jours s’écoulent dans un long célibat, en quel état es-tu, infortunée, toi et ton frère, le malheureux Oreste, meurtrier de sa mère ? Je ne redoute point de souillure en t’adressant la parole ; c’est sur Phébus que je rejette le crime : cependant je déplore le sort de Clytemnestre, ma sœur. Depuis mon départ pour Troie, où me porta je