Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/76

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ne sais quel aveugle destin, je ne l’ai point revue, et dans l’abandon je pleure mon infortune.


Electre

[81] hélène, que pourrais-je te dire ? Tu as sous les yeux les malheurs de la race d’Agamemnon. Pour moi, privée de sommeil, je veille sur ce mort ; car il est mort, à en juger au faible souffle qui lui reste. Je n’insulte point à son malheur ; mais toi, heureuse hélène, et ton heureux époux, vous venez à nous dans notre misère.

Hélène

Depuis combien de temps ton frère est-il étendu sur ce lit de douleur ?

Electre

Depuis qu’il, a versé le sang dont il est né.

Hélène

Ô malheureux ! et sa mère, quelle fin funeste !

Electre

Tel est notre sort : tant de malheurs m’ont réduite au désespoir.

Hélène

Au nom des dieux, veux-tu m’accorder une grâce ?

Electre

Tu me vois occupée à veiller sur mon frère.

Hélène

Veux-tu aller pour moi au tombeau de ma sœur ?

Electre

Au tombeau de ma mère ! et dans quel but ?

Hélène

Pour y porter mes cheveux en offrande, et y faire des libations en mon nom.

Electre

Ne peux-tu visiter toi-même la tombe de ceux que tu aimes ?

Hélène