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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/81

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Vois-tu ? son corps se meut sous ces voiles qui le couvrent.

Electre

C’est toi, malheureuse, qui l’as éveillé par tes cris.

Le Chœur

Je crois qu’il dort encore.

Electre

Loin d’ici, loin du palais ! Retire-toi donc sans faire aucun bruit.

Le Chœur

Il dort.

Electre

[173] Il est vrai.

Le Chœur

Ô nuit ! nuit vénérable, qui dispenses le sommeil aux mortels fatigués, sors de l’Érèbe, viens sur tes ailes rapides vers le palais d’Agamemnon ; car sous le poids des douleurs, sous le poids des calamités, nous succombons, nous succombons.

Electre

Vous faites du bruit. Ne voulez-vous pas faire silence et vous garder d’élever la voix prés de sa couche, afin de le laisser jouir d’un paisible sommeil ?

Le Chœur

Quel sera, dis-nous, le terme de ses maux ?

Electre

La mort. Quel autre pourrais-je attendre ? Il n’éprouve aucun besoin de nourriture.

Le Chœur

Sa mort est donc inévitable.

Electre

Apollon nous a perdus, en nous donnant la mission sacrilège de verser le sang d’une mère parricide.

Le Chœur