Vois-tu ? son corps se meut sous ces voiles qui le couvrent.
C’est toi, malheureuse, qui l’as éveillé par tes cris.
Je crois qu’il dort encore.
Loin d’ici, loin du palais ! Retire-toi donc sans faire aucun bruit.
Il dort.
[173] Il est vrai.
Ô nuit ! nuit vénérable, qui dispenses le sommeil aux mortels fatigués, sors de l’Érèbe, viens sur tes ailes rapides vers le palais d’Agamemnon ; car sous le poids des douleurs, sous le poids des calamités, nous succombons, nous succombons.
Vous faites du bruit. Ne voulez-vous pas faire silence et vous garder d’élever la voix prés de sa couche, afin de le laisser jouir d’un paisible sommeil ?
Quel sera, dis-nous, le terme de ses maux ?
La mort. Quel autre pourrais-je attendre ? Il n’éprouve aucun besoin de nourriture.
Sa mort est donc inévitable.
Apollon nous a perdus, en nous donnant la mission sacrilège de verser le sang d’une mère parricide.