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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/82

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Action juste, mais condamnable !

Electre

[195]Tu as donné la mort et tu l’as reçue, ô toi à qui je dois la vie, ô ma mère ! tu as fait périr à la fois le père et les enfants nés de ton sang ; nous sommes perdus, nous sommes la proie de la mort ; car toi, tu es déjà parmi les morts, et la plus grande partie de ma vie se perd dans les gémissements, dans les sanglots et les larmes nocturnes. Sans époux, sans enfants, je traîne une vie à jamais misérable.

Le Chœur

Approche-toi de ton frère, Électre ; prends garde que la vie ne lui échappe à ton insu. Un sommeil si profond m’inquiète.

Oreste
se réveillant

[211] Ô doux charme du sommeil ! remède salutaire, quel baume tu as répandu sur mes douleurs ! Oubli des maux, sommeil bienfaisant ! quelle est ta puissance, divinité secourable à ceux qui souffrent ! Mais d’où suis-je venu en ces lieux ? comment y suis-je arrivé ? car j’ai perdu le souvenir de tout ce que j’ai fait dans mon égarement.

Electre

Frère chéri, que ton sommeil m’a causé de joie ! Veux-tu que je t’aide à soulever ton corps languissant ?

Oreste

Oui, oui, aide-moi, et essuie ces restes d’écume attachés autour de ma bouche et de mes yeux.

Electre