Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de moi te rend malade, nous sommes perdus : je n’ai que toi seule pour appui ; tu le vois, tous les autres m’abandonnent.

Electre

[307] Non, mon frère, avec toi je veux vivre et mourir : tout est commun entre nous. Si tu meurs, que ferai-je ? Simple femme, isolée, quel espoir de salut, sans frère, sans père, sans amis ? — Mais si tu le veux, je dois y consentir. Cependant étends-toi sur ta couche, et ne te laisse pas aller à ce trouble et à ces terreurs subites, qui t’arrachent du lit. Reste en repos ; car, même en bonne santé, se croire malade est un tourment qui réduit à l’impuissance.


Le Chœur
seul

[316] Ô déesses rapides, ailées, redoutables, qui célébrez dans les larmes et les gémissements des fêtes bien différentes de celles de Bacchus ; noires Euménides, qui volez à travers l’espace, vengeresses du sang, vengeresses du meurtre, je vous en supplie, je vous en supplie, laissez le fils d’Agamemnon oublier les transports de sa fureur terrible. Oh ! quelles calamités tu as attirées sur toi-même, en obéissant à l’oracle émané du trépied sacré, et prononcé par Apollon, dans le sanctuaire caché, dit-on, au centre de la terre.

[332] Ô Jupiter ! où trouver de la pitié ? Quelle est cette lutte sanglante qui te poursuit, infortuné, qu’un mauvais génie abreuve sans cesse de larmes nouvelles, en