Aller au contenu

Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de mes matelots. Lorsqu’enfin j’aborde à Nauplie (16), et que déjà mon épouse se dirigeait vers Argos, au moment où je croyais presser dans mes bras Oreste, le fils d’Agamemnon, et sa mère, tous deux dans la prospérité, j’apprends d’un pêcheur le meurtre impie de la fille de Tyndare. Et maintenant, jeunes filles, apprenez-moi où est le fils d’Agamemnon, qui a osé commettre un tel forfait ? C’était un faible enfant porté sur les bras de Clytemnestre, lorsque je quittai ce palais pour aller à Troie : je ne pourrais donc le reconnaître, si je le voyais.

Oreste

[380] Ménélas, je suis cet Oreste que tu cherches : je te raconterai volontiers mes malheurs ; mais avant tout, j’embrasse tes genoux en suppliant, et t’adresse mes prières, quoique dépourvu de rameaux. Sauve-moi ; tu arrives au moment le plus critique de mes malheurs.

Ménélas

O dieux ! que vois-je ? Quel est le mort qui s’offre à ma vue ?

Oreste

Hélas ! tu dis vrai : je ne vis plus, parmi tant de maux, quoique je voie encore la lumière.

Ménélas

Quel aspect sauvage ! quelle chevelure hérissée ! Malheureux !

Oreste

Ce n’est pas mon aspect, ce sont mes actions qui causent mon supplice.

Ménélas