Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/140

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Le Messager.

Celui qu’elle avait consacré à la déesse sur cet autel même.

Thoas.

Ô prodige ! quel nom plus fort trouver pour cet événement ?

Le Messager.

Ce n’est pas là ce qui doit occuper ton esprit ; mais écoute-moi, et, après avoir attentivement examiné l’affaire, songe aux moyens de reprendre les fugitifs.

Thoas.

Parle, ton avis est bon ; dans leur fuite, ils n’ont pas pris sans doute le chemin de la mer pour échapper à mes armes.

Le Messager.

Après que nous fûmes arrivés sur le rivage de la mer où le vaisseau d’Oreste était caché, nous que tu avais chargés de veiller sur les étrangers enchaînés, la fille d’Agamemnon nous fait signe de nous éloigner, comme si elle se disposait à allumer le feu du sacrifice, auquel il n’est pas permis d’assister, et à commencer l’expiation. Elle marchait derrière, tenant dans ses mains les chaînes des deux étrangers. Cela nous semblait suspect ; cependant tes serviteurs ne réclamèrent point. Enfin, pour avoir l’air de faire quelque chose d’important, elle pousse des cris plaintifs, et fait entendre des chants barbares, accompagnés de cérémonies magiques, comme pour l’expiation. Après avoir longtemps attendu, la crainte nous vint que les étrangers, en brisant leurs fers, ne massacrassent la prêtresse et ne prissent la fuite. Mais, pour ne pas risquer de voir des mystères dont la vue nous est interdite, nous restâmes assis en silence. Enfin nous tombâmes tous d’accord d’aller où ils étaient, nonobstant la défense. Là nous voyons un