Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/395

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Ménélas.

Dois-je donc désespérer de te ramener dans ma patrie ?

Hélène.

C’est la mort qui t’attend bien plus que ma couche.

Ménélas.

Je serais ainsi le plus malheureux des mortels.

Hélène.

Ne rougis pas de chercher ton salut dans la fuite.

Ménélas.

Que je t’abandonne, toi pour qui j’ai renversé les murs d’Ilion !

Hélène.

Mieux vaut fuir que de perdre la vie pour mon hymen.

Ménélas.

Tes conseils sont dignes d’un lâche, et non du vainqueur d’Ilion.

Hélène.

N’espère pas tuer le tyran, quelque désir que tu en aies.

Ménélas.

Son corps est-il invulnérable ?

Hélène.

L’expérience te l’apprendra : tenter l’impossible n’est pas d’un sage.

Ménélas.

Tendrai-je en silence mes mains aux chaînes ?

Hélène.

Tu es dans une position critique : il faut user d’artifice.

Ménélas.

Il vaut mieux mourir en se défendant que sans défense.

Hélène.

Il me reste une seule espérance, un seul moyen de salut.