Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ménélas.

Cela te regarde ; les femmes s’entendent avec les femmes[1].

Hélène.

Ah ! avec quelle ardeur je vais embrasser ses genoux !

Ménélas.

Mais si elle se refuse à notre demande ?

Hélène.

Tu mourras, et je serai contrainte à recevoir la main du tyran.

Ménélas.

Tu veux me trahir ; cette contrainte est un prétexte.

Hélène.

Crois-en un serment sacré : j’atteste ta tête chérie.

Ménélas.

Jures-tu de mourir et de ne jamais prendre un autre époux ?

Hélène.

Je jure de me frapper du même fer ; mon corps tombera près du tien.

Ménélas.

Touche ma main pour garant de ta foi.

Hélène.

La voici : si tu meurs, je fais vœu de te suivre.

Ménélas.

Et moi, si je te perds, je mettrai fin à mes jours.

Hélène.

Comment mourrons-nous, pour mourir avec gloire ?

Ménélas.

Après t’avoir donné la mort sur ce tombeau, je me la donnerai à moi-même. Mais d’abord je livrerai de terri-

  1. Térence, Phormio, iv, 5, 14 :
    Mulier mulieri magis congruum.