Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/408

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de régner au sein des cités. C’est ainsi, ô Hélène, que les armes ont ravagé la terre de Priam, quand des paroles pouvaient pacifier la querelle excitée par ton nom. Maintenant de nombreux guerriers sont devenus la proie de Pluton, et la flamme dévorante, semblable à la foudre de Jupiter, a détruit les murs d’Ilion, en répandant au loin la désolation et la ruine.


Théoclymène.

Salut, tombeau de mon père. Ô Protée, j’ai voulu qu’il fût placé à l’entrée du palais afin de l’avoir à ma portée, Toujours, en entrant et en sortant, ton fils Théoclymène t’adresse ses vœux, ô mon père.

Vous, fidèles serviteurs, faites rentrer dans l’intérieur du palais les chiens et les filets, instruments de notre chasse. Pour moi, je me suis déjà fait bien des reproches ; je n’inflige pas la mort aux méchants. Je viens d’apprendre qu’un Grec est entré ouvertement dans cet État, et qu’il a échappé aux gardes ; c’est sans doute quelque espion, ou il vient pour ravir furtivement Hélène ; mais il mourra s’il est pris. Mais quoi ! ne semble-t-il pas qu’il a déjà exécuté son projet ? La fille de Tyndare a quitté sa place près de ce tombeau, elle a fui loin de ce rivage… Holà ! esclaves, ouvrez les portes, faites sortir les chevaux de l’écurie, faites avancer les chars ! que du moins ma négligence ne laisse pas échapper l’épouse que je désire posséder. — Arrêtez, car je vois ici celle que je cherche ; elle n’était pas encore partie. Hélène, pourquoi as-tu changé en vêtements de deuil tes blancs vêtements ? pourquoi le fer a-t-il coupé ces cheveux qui ornaient ta noble tête ? pourquoi ces larmes récentes qui inondent ton visage ? Un songe nocturne a-t-