Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/416

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rétablirai ton honneur, si tu te montres telle pour ton époux qu’il a droit de l’exiger.

Hélène.

Il en sera ainsi ; jamais mon époux n’aura de reproche à me faire : tu pourras en juger par tes propres yeux. Mais entre, ô Grec infortuné, mets-toi dans le bain, et change de vêtements : je veux à l’instant même te faire éprouver mes bienfaits ; tu en seras plus zélé à rendre les derniers devoirs à mon cher Ménélas, si tu obtiens de moi ce que tu as droit d’en attendre.


Le Chœur seul.

Jadis la mère des dieux, souveraine des montagnes, s’élança d’une course impétueuse à travers les forêts sauvages, les fleuves rapides et les flots mugissants de la mer, pressée du désir de retrouver sa fille perdue, dont on n’ose prononcer le nom. Pendant que la déesse attelait à son char de farouches animaux, les grelots de Bacchus, au son clair et retentissant, rappelaient la fille enlevée parmi les chœurs des jeunes vierges. À sa suite couraient d’un pas léger Diane, armée de son arc, et Minerve, de sa lance. Mais Jupiter, dont les regards embrassent l’univers, préparait un autre destin.

Enfin, lasse de tant de travaux et de courses errantes, fatiguée de poursuivre en vain un perfide ravisseur, la mère des dieux traverse les sommets chargés de neige, séjour des nymphes de l’Ida ; dans sa douleur, elle se jette sur ces rocs sauvages, blanchis par les neiges ; elle cesse de féconder par la culture les champs dépouillés de leur verdure, et laisse périr la race humaine : elle ne fait plus germer pour les troupeaux languissants le tendre feuillage des arbrisseaux ; les cités sont la proie de la mort ; plus de