Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/421

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atteindrons le but auquel nous tendons. C’est assez des épreuves que nous avons endurées jusqu’ici. Ô dieux, je vous ai souvent invoqués dans la bonne et dans la mauvaise fortune ; mais je ne dois pas être toujours malheureux : à mon tour je prospérerai ; une seule faveur que vous m’accorderez assurera mon bonheur pour l’avenir.


Le Chœur, seul.

Ô rame phénicienne, rame agile de Sidon, mère des ondes frémissantes, rame chérie, coryphée des dauphins dans leurs danses joyeuses, quand une brise légère souffle sur la mer, et que Galénée[1], fille de l’Océan, parle ainsi aux nautoniers : « Déployez les voiles, livrez-les à la douce haleine des vents ; saisissez vos rames faites de sapin, matelots ; matelots, hâtez-vous de rendre Hélène aux rivages fortunés de Mycène[2]. »

Peut-être trouveras-tu[3] sur les rives du fleuve[4] les prêtresses des Leucippides[5] ; peut-être, devant le temple de Pallas, te mêleras-tu aux danses sacrées auxquelles tu es depuis longtemps étrangère, pour célébrer les fêtes nocturnes d’Hyacinte[6], qui fut atteint d’un disque lancé par la main d’Apollon. Ce dieu, pénétré de douleur, voulut

  1. Galénée, divinité de l’invention d’Euripide : son nom signifie le calme de la mer. Il est accompagné en grec de l’épithète que les poëtes donnent souvent aux dieux marins, glauca, verdâtre ou azurée.
  2. Grec : « de la demeure de Persée. » Mycène avait été fondée par Persée.
  3. Ici le Chœur s’adresse à Hélène.
  4. L’Eurotas.
  5. Les Leucippides étaient Phœbé et Ilaïre, filles de Leucippe. Properce, i, 2 :

    Non sic Leucippis succendit Castora Phœbe,
    Pollucem cultu non Ilaïra soror.

    Sur leurs prêtresses, voyez Pausanias, Laconic.

  6. Sur Hyacinthe, voyez Ovide, Métam., x, 217 seqq.