Quel asile plus sûr que cet autel ?
Que me servira ce refuge ?
Les suppliants sont toujours sacrés.
Mais la loi m’a condamnée.
Oui, si tu étais entre leurs mains.
Voici les cruels exécuteurs de la sentence, qui s’avancent l’épée nue.
Mets-toi à l’abri de cet autel : s’ils osent te frapper dans cet asile, ton sang criera vengeance contre les meurtriers ; mais il faut supporter les coups du sort.
Ô Céphise à la tête de taureau[1], quelle vipère as-tu engendrée ? quel serpent dont les yeux lancent une flamme homicide ? monstre capable de tous les attentats, non moins funeste que le sang de la Gorgone préparé pour ma mort ! Qu’on la saisisse, que les longues tresses de sa chevelure demeurent attachées aux rochers du Parnasse, d’où son corps doit être précipité. Je rends grâces à la fortune qui m’a dérobé à ses fureurs, avant mon arrivée à Athènes, sous le joug d’une marâtre. Si au milieu de mes amis j’ai
- ↑ Les peintres représentaient les fleuves sous la forme d’un taureau, ou au moins avec des cornes. La Céphise, fleuve de l’Attique, était aïeul de Praxithéa, femme d’Érechthée, et par conséquent bisaïeul de Créuse.