Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/97

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et qu’elle passa d’Europe en Asie, quels sont ces étrangers qui ont quitté les belles eaux de l’Eurotas aux verts roseaux, ou les rives de Dircé, pour aborder sur cette terre inhospitalière, où une prêtresse teint de sang humain l’autel et les colonnes du temple ? Portés par l’effort impétueux de leur double rang de rames, ont-ils lancé sur les flots leur navire, à l’aide des vents qui enflent les voiles, pour satisfaire la passion de l’or qui enrichit leurs maisons ? La douce espérance se change en passion insatiable, pour la perte des mortels, qui reviennent accablés sous le poids des richesses après avoir erré sur les mers et traversé les villes barbares, pour obéir à une vaine ambition : mais si les uns ne gardent point de mesure dans leur cupidité, les autres y conservent la modération. Comment ont-ils franchi cette barrière de rochers et les écueils de Phinée, qui jamais ne sommeille, traversant ces bords dangereux au milieu des vagues retentissantes d’Amphitrite, où les chœurs des cinquante Néréides