Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/98

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font entendre leurs chants même avec le souffle des vents favorables, et le solide gouvernail qui fend les flots gémissants poussés par l’haleine du Notas ou du Zéphyr ? Comment ont-ils pu pénétrer sur cette terre qui sert de retraite aux oiseaux, cette île aux rives blanchissantes, illustrée par les courses d’Achille dans le Pont-Euxin ?

Plût aux dieux que, secondant les vœux de ma maîtresse, le hasard amenât en ces lieux Hélène, la fille chérie de Léda, à son départ de Troie, afin que, saisie par les cheveux et purifiée par l’eau lustrale qui désigne à la mort, elle expire sous la main d’Iphigénie, payant ainsi les maux qu’elle lui a causés ! Avec quelle joie je recevrais la nouvelle que de la Grèce il est arrivé un navigateur, pour mettre un terme aux maux de ma triste servitude ! Puissé-je, même en songe, jouir, au sein de ma patrie et de la maison paternelle, des chants d’allégresse qui sont le partage des heureux !

Le Chœur.

Mais voici les deux victimes qui s’avancent, les mains chargées de chaînes. Faites silence, chères amies. Les deux Grecs destinés au sacrifice s’approchent du temple, et le berger ne nous a point fait un faux rapport. Vénérable déesse, si le culte que ce peuple te rend t’est agréable,