Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/114

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des clubs en plein vent et en permanence. Nous sommes persuadé que certains peuples très-avancés dans les idées libérales seraient effrayés de voir s’introduire chez eux une coutume semblable.

On se plaît, en Europe, à regarder l’Asie comme la terre classique de l’arbitraire et de la servitude ; cependant il n’est rien de plus contraire à la vérité. Nous pensons que le lecteur ne trouvera pas trop long le passage suivant de M. Abel Rémusat, dont l’autorité est grande en ces matières, parce, qu’il juge les choses de l’Orient avec ce coup d’œil sûr et impartial d’un savant qui sait se dégager des préjugés reçus et baser uniquement ses appréciations sur des données historiques.

« Un trait frappant au milieu de tant de variations dans la forme des gouvernements orientaux, c’est de ne trouver nulle part, et presque en aucun temps, ce despotisme odieux et cette servitude avilissante dont on a cru voir le génie funeste planer sur l’Asie tout entière. J’excepte les Etats musulmans, dont la condition et les ressorts réclament une étude particulière. Partout ailée leurs, l’autorité souveraine s’entoure des dehors les plus imposants et n’en est pas moins assujettie aux restrictions les plus gênantes, j’ai presque dit aux seules qui le soient effectivement. On a pris les rois de l’Asie pour des despotes, parce qu’on leur parle à genoux et qu’on les aborde en se prosternant dans la poussière ; on s’en rapporte à l’apparence, faute d’avoir pu pénétrer la réalité. On a vu en eux des dieux sur la terre, parce qu’on n’apercevait pas les obstacles invincibles qu’opposaient à leurs volontés les religions, les coutumes, les mœurs, les préjugés. Un roi des Indes, suivant le