Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce point de vue, la législation pénale est basée sur le principe utilitaire. Cela ne doit pas étonner : le matérialisme de la loi chinoise s’oppose à ce que le caractère moral de l’acte punissable soit pris en considération exclusive ; elle ne voit que le positif.

La présence du principe utilitaire dans une législation indique assez généralement que le lien social est artificiel, qu’il ne repose pas sur les vrais principes qui constituent et conservent les nationalités. L’immense population de la Chine, dépravée par l’absence des croyances religieuses et de toute éducation morale, absorbée par le culte des intérêts matériels, ne subsisterait pas longtemps en corps de nation et serait bientôt démembrée, si l’on venait substituer brusquement, à l’étrange législation qui la gouverne, une législation basée seulement sur les principes du droit et de la justice absolue. Chez un peuple de spéculateurs et de sceptiques, comme le sont les Chinois, le lien social doit se trouver dans la loi pénale, et non pas dans la loi morale. Le rotin et le bambou sont la seule garantie de l’accomplissement du devoir.

Et ce but ne saurait être encore atteint, si les mandarins chargés de faire exécuter la loi ne trouvaient dans la loi elle-même la plus grande latitude possible. C’est ce qui explique le vague et le manque de précision qu’on remarque souvent dans le Code pénal de la Chine. Très souvent il lui arrive de ne pas définir, de ne pas qualifier les délits, ou, du moins, de ne le faire que très imparfaitement ; de sorte que les magistrats ont la plus grande latitude dans l’interprétation de la loi, qui est, entre leurs mains, d’une élasticité merveilleuse ; elle