Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/305

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semble faite tout exprès pour favoriser l’esprit tracassier, oppresseur, et surtout voleur, des mandarins chargés de l’appliquer ; car, en l’absence de textes clairs et précis, ils trouvent toujours le moyen de faire rentrer dans la catégorie des faits punis par la loi des actes d’ailleurs très-innocents, ou qui, tout au moins, ne sauraient jamais subir l’action des lois positives.

Ainsi, pour en donner un exemple, on trouve dans le tome Ier, page 274, du Code pénal, un article ainsi conçu : « Quand un marchand, après avoir observé la nature des affaires que font ses voisins, s’assortit et met des prix à ses marchandises, de manière à ce que ses voisins ne puissent pas vendre les leurs, et à ce qu’il lui en revienne un bénéfice beaucoup plus grand que celui qu’on fait ordinairement, il sera puni de quarante coups de bambou. » Quel est le marchand qui pourra être à l’abri des vexations du mandarin avec un pareil article toujours suspendu sur sa tête ? En voici un autre qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer de plus odieux en ce genre. « Quiconque tiendra une conduite qui blesse les convenances, et telle, qu’elle soit contraire à l’esprit des lois, sans qu’elle dénote une infraction spéciale à aucune de leurs dispositions, sera puni au moins de quarante coups, et il en recevra quatre-vingts quand l’inconvenance sera d’une nature plus grave. »

Les deux articles que nous venons de citer suffiront à un mandarin pour rançonner tous les habitants de sa juridiction et faire promptement une grosse fortune.

Mais ce n’était pas assez ; le chef-d’œuvre de la législation