Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/12

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de mes mains, et, pliant un genou devant moi, il me dit d’une voix suppliante :

— Me pardonnerez-vous la violence de mon amour ?”

— Il ne faudra pas recommencer, William, vous savez bien que je ne puis vous écouter.”

— Céleste charmeuse ! quel homme pourrait vous voir, sans vous adorer ?”

— Et si mes parents nous surprenaient ?”

— Pouvez-vous supposer que je vous exposerai à leur colère ?”

— Chut ! j’entends quelqu’un qui vient !”

À dîner je mangeai peu, j’avais la fièvre, je me sentais mal à l’aise, craignant les regards de mon père et de ma mère, et évitant soigneusement les yeux de William, mais le morceau de poulet qu’il me servit, était le plus tendre que j’aie jamais mangé, et le verre de vin qu’il me versa était le plus délicieux que j’aie bu. Après dîner nous fîmes une courte promenade pour visiter les environs, mais je trouvai que les marais qui entourent Calais sont plus humides que les marais ordinaires, les fleurs que je cueillis semblaient sans couleurs et sans odeur, et les oiseaux ne me semblaient pas chanter de la même façon que ceux de mon pays natal.

Cette promenade me parut longue, insipide, ennuyeuse, et c’est avec joie que j’obéis quand mes parents me commandèrent de tourner mes pas du côté de l’hôtel.

Pendant toute la soirée je fus agitée et incapable