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montrerai à mon frère les Champs-Élysées, et le Bois-de-Boulogne. Voulez-vous nous accompagner ?

— Je ne peux pas, ma chère enfant, j’ai des affaires qui m’appellent ce matin à l’Ambassade. À quelle heure désirez-vous les chevaux ?”

— À onze heures.”

Pendant ce temps le tailleur et le bottier, exacts à leur parole, avaient envoyé les habits et les bottes de mon frère qui se trouvèrent entièrement à son goût, et me valurent mille remercîments de sa part. Aussitôt qu’il eut revêtu ses nouveaux habits, qui lui allaient à merveille, je le trouvai si joli et si gracieux, que je ne pus m’empêcher de le serrer dans mes bras et de le couvrir de baisers ; le petit polisson voulut en profiter pour mettre à profit la promesse que je lui avais faite la nuit précédente, mais je lui fis comprendre que Sophie pouvait entrer d’un moment à l’autre dans la cour où les chevaux nous attendaient.

Nous nous dirigeâmes vers le Bois-de-Boulogne en passant par les Champs-Élysées et la barrière de l’Étoile ; j’avais choisi cette heure matinale, afin que notre tête-à-tête ne fut pas interrompu par ces mêmes papillons qui voltigeaient chaque jour autour de moi, et qui devaient à cette heure-là, réparer dans un sommeil bienfaisant les ravages causés par le jeu et les femmes.

À peine dans le bois, nous descendîmes de cheval et d’un commun accord nous pénétrâmes dans un épais fourré bien caché à tous les regards.

Regardez donc, Eveline, cet endroit ne vous semble-t-il le temple de l’amour ?”