Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 42 —

Je passai à ma toilette plus de temps qu’à l’ordinaire, quoiqu’elle ne fut que d’une élégante simplicité, je donnai aussi un coup d’œil à celle de mon frère qui portait des culottes blanches avec des bas de soie blancs, un gilet de piqué blanc, et un habit bleu. Lorsque nous entrâmes dans le salon, un murmure d’admiration nous accueillit et prouva à notre père, charmé et ravi, que ses deux enfants avaient peu d’égaux dans le monde. Il prit Frédéric par la main pour le présenter à chaque personne de la compagnie, et mon cœur se gonfla de joie en contemplant la grâce avec laquelle, l’objet de mon adoration recevait leurs compliments. J’étais assise à côté du jeune duc de M.... fils du célèbre maréchal de ce nom, qui, tout Parisien qu’il était, ne put s’empêcher de me complimenter sur la grâce juvénile de mon frère.

Le dîner me sépara de Frédéric qui resta silencieux, tout le temps du repas, mangeant à peine, et observant, d’un œil jaloux les moindres actions du duc placé à côté de moi.

— Vous ne mangez pas Frédéric, êtes-vous souffrant ?”

— Pas du tout, ma chère Eveline, mais je n’ai pas faim !”

— Tenez, mon cher ami, mangez ce morceau de volaille que je vous envoie.”

— En vérité, Mademoiselle, votre frère vous semble fort attaché.

— Nous nous aimons tendrement Mr. le duc.

— C’est un fort joli enfant. — Je pensais en moi-