Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/52

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vements désordonnés de sa monture, les femmes se mirent à crier ; je devins horriblement pâle, et mon père se porta du côté de son fils pour lui prêter main forte, mais Frédéric lui fit signe de la main, et plongeant ses éperons dans les flancs de son cheval, il partit au galop, mais un galop furieux et emballé ; nous nous lançâmes à sa poursuite, je le voyais de temps en temps presser ses éperons dans les flancs ensanglantés de Congo ; celui-ci, furieux, essayait en vain de se débarrasser de son cavalier ; j’étais sur le point de m’évanouir, mon père devint livide, mais soudain le cheval, que les éperons ne cessaient de martyriser, sentant sa résistance inutile, se calma et Frédéric le ramena devant nous, au petit trot. La multitude rassurée et charmée du courage de mon frère, éclata en applaudissements, le duc de M*** qui passait juste à ce moment, assista une fois de plus au triomphe de Frédéric et ne put s’empêcher de me dire en passant à côté de moi :

— Votre frère, Mademoiselle Eveline, est vraiment un cavalier accompli.

Dans le courant de la journée Frédéric se ressouvenant de ma promesse, me dit en plaisantant :

— Vous savez que vous êtes ma débitrice, Eveline.

— Hélas, mon cher je suis une débitrice insolvable, car je ne pense pas remplir mes engagements.

— Et pourquoi cela, chère sœur ?

— Parce que je suis indisposée et que je ne pourrai vous satisfaire que dans trois jours.

— Malade, mais il faut envoyer chercher le docteur.