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Thompson releva les jambes de ma mère sur ses hanches, et introduisit son dard, qui semblait vraiment connaître le chemin, tant il y mit de promptitude et de facilité. Quant à elle, croisant les jambes sur les reins de son fouteur, elle commença à lui renvoyer les vigoureuses poussées qu’il lui donnait, avec tant de zèle et d’ardeur qu’au bout de deux minutes je les vis frissonner et mourir du dernier spasme de la volupté.

Ce spectacle me fit un tel effet que je pensai m’évanouir, et je me précipitai sur mon lit où je restai longtemps inerte et sans pensée. Toute la nuit je rêvai du membre monstrueux, je l’avais constamment devant les yeux, réveillée ou non, et quelques efforts que je fisse, je ne pus le bannir de mon esprit. Était-ce la jalousie ou le dégoût qui me faisait presque défaillir ? Je ne pouvais résoudre cette question, mais le lendemain au lieu de monter à cheval, je préférai me promener dans la voiture, et lorsque je me trouvai en présence de Thompson je sentis une sensation brûlante dans un certain endroit placé au-dessous de la poitrine, et pour la première fois je restai sur le perron pour le voir rentrer ses chevaux, admirant sa force herculéenne. Les jours suivants je me fis suivre par lui, à cheval, l’appelant souvent auprès de moi sous n’importe quel prétexte, et lui donnant plus souvent son nom de Thompson que celui de cocher.

Le troisième jour, mon père et Frédéric revinrent, celui-ci plus ardent et plus amoureux que jamais.