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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

porte un manteau de pourpre vermeille brodé d’or, valant au moins un château. Cette dame parle en faveur du chevalier, puis elle s’éloigne. Il s’élance sur son cheval pour la suivre. Elle s’enfuit toujours et ne lui accorde pas un regard. Il l’appelle, la prie, la conjure : elle ne se laisse pas fléchir. Elle arrive à une forêt qui peut-être est Brocéliande, traverse une rivière ; Graelent fait comme elle, mais le courant l’entraîne, il va périr… Alors les suivantes de la dame la conjurent de pardonner ; elle s’émeut aussi de voir le danger de son ami, le sauve, et l’emmène avec elle dans sa terre — terre de féerie, située peut-être en Avalon, où Graelent rejoindra Lanval.


II


Si la critique récente conteste à Marie de France l’attribution de Graelent, elle lui octroie celle d’autres féeries amoureuses. Les trois lais de Tiolet, de Gaingamor, de Tidorel, se trouvent enfermés dans un manuscrit que décore une figurine de ménestrel, — frère de ces harpeurs bretons qui faisaient rêver la poétesse. Gaston Paris doute qu’elle soit l’auteur du premier ; mais il incline à lui attribuer les deux autres.

Tiolet a pour héros un jeune chasseur dont la mère est veuve et habite une forêt. Une fée lui a donné le pouvoir d’attirer les animaux en sifflant. Est-ce le don d’une fée marraine ? Si ce n’est qu’il use de ce don pour conquérir la bien-aimée, les amours de Tiolet sont étrangères à la féerie, mais de véritables