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LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

jusqu’à celui où, du sépulcre de marbre, sa voix montait dans le silence, car la mort n’avait pas éteint sa sollicitude pour Roger. Mais elle l’avait transposée du palais de l’erreur dans le domaine de la vérité.

Roger et Bradamante ne sont pas encore à la fin de leurs épreuves. C’est sous les auspices de Melissa que doit se conclure leur mariage longuement traversé. La fée leur offre, pour célébrer leurs noces, un dais brodé, rappelant l’origine troyenne attribuée à la famille d’Este. Melissa se montre fidèle à sa mission qui semble toujours être de relier l’avenir au passé, mission de tout point conforme à celle d’une grande ouvrière de la destinée.


VI

DE L’ARIOSTE AU TASSE


Quand la voix de l’Arioste se fut éteinte, les personnages de la légende carolingienne, ceux dont Bojardo comme lui-même s’était emparé, continuèrent à régner sur les imaginations. Jamais on ne se lassait d’entendre parler de Roland, de Roger, de Renaud, d’Angélique, de magiciens, de géants et de fées. Et l’on aurait toujours voulu du nouveau sur ces personnages. En vain Nicolo degli Agostini avait-il tenté de rendre la vogue aux aventures bretonnes : Lancelot et Genièvre ne détrônèrent pas Roland et Angélique. Il surgissait une nouvelle transformation de Roland amoureux, il apparaissait un Renaud furieux. Chaque héros de l’épopée avait