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PROLOGUE

demi-rêve, comme de légères et subtiles oiselles !

Souvent vous aimez les hommes, et souvent ils vous aiment, mais les fées et les hommes se comprennent-ils jamais ? Les premières tourmentent les seconds, les seconds trahissent les premières. Faut-il en conclure que l’amour serait impuissant à combler les différences profondes de races et de milieux ? Qu’il ne saurait prévaloir contre certaines discordances ? Les chœurs antiques nous donnaient gravement cette leçon ; certaines légendes de fées nous la répètent naïvement.


IV


L’imagination des hommes a peuplé toutes les solitudes. Les sables et les mers n’ont pas échappé à cette loi. Chaque brin d’herbe, semble-t-il, chaque vague, chaque galet, est susceptible de posséder sa légende. Il n’y a pas si longtemps qu’un vieillard de Guernesey croyait, sur la falaise, avoir aperçu plusieurs sirènes. Combien trouve-t-on de ces sirènes dans les récits populaires ! Elles chantent comme chantaient celles de l’Odyssée, et, par ce chant délicieux, elles attirent les pêcheurs. Leur disent-elles, ainsi que l’affirmaient les antiques sirènes des îles fleuries, éparses sur les mers hellènes, que, ayant conversé avec elles, ils s’en retourneront sachant plus de choses ? Ou leur promettent-elles, simplement, l’amour ? Les cloches de l’Angelus, bienfaisantes et pures, arrêtent leur chant et les mettent en fuite.

Il y a, dans le folk-lore breton, des Mary Morgan qui