donnant comme compagne de voyage une jeune et entreprenante fée dont les séductions seront vaines.
Si Lancelot avait succombé, Morgane y aurait gagné de briser le cœur de Genièvre et de sauver le Val Sans-Retour, qu’un seul amant fidèle mettait en péril. Malgré tout son pouvoir, elle échoua dans ses desseins, et la présence de Lancelot suffit à détruire son cher Val Sans-Retour.
Les chevaliers reprennent la clef des champs, et courent aux belles expéditions qui tentent leur vaillance.
Mais alors Morgane ourdit de nouveaux pièges contre Lancelot ; elle remarque qu’il porte à son doigt un anneau semblable à un anneau qu’elle-même possède : les deux bijoux nous sont décrits avec précision ; il existe entre eux une minuscule différence. Elle devine que l’anneau du chevalier lui fut donné par Genièvre. Alors elle endort Lancelot pour le lui soustraire ; elle le remplace par le sien, afin qu’il ignore cette perfidie. Son plan est atroce : elle enverra cet anneau à Genièvre au milieu de la cour, avec un message annonçant la prétendue mort de Lancelot. Elle songe que devant tous, devant Arthur lui-même, la reine trahira son chagrin.
Si Genièvre n’est point une fée, elle est une femme très habile et très séduisante, parfaitement capable de tenir tête à une fée. Tout son cœur d’amoureuse éclate, quand elle reconnait la bague, quand elle entend annoncer la mort de son fidèle ; Genièvre est trop avisée pour en rien dissimuler. Elle proclame très haut cette douleur et la légitimité de cette douleur ; elle rappelle tous les exploits que Lancelot accomplit pour elle, et cela même, elle le fait avec une telle franchise, une telle fougue, une telle sponta-