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Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/84

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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

piège de la fée Morgane ; ils sont ses captifs, et l’issue du château magique où ils se voient détenus leur est dissimulée. Sans doute, les beaux chevaliers ne s’amusent guère ; ils s’ennuient d’autant plus qu’ils sont l’un et l’autre amoureux : Claris aime Lidaine, sœur de Laris, qui, d’ailleurs, est mariée, et Laris aime Marine.

Un beau matin, par la fenêtre, Laris aperçoit Madoine occupée, dans le jardin, à composer un chapeau de fleurs. Il prend le parti d’en faire son alliée, et plus que son alliée, afin d’obtenir d’elle le secret de la sortie. Pauvre Madoine ! Elle est alors une heureuse petite fée, occupée, comme beaucoup de ses sœurs, de passe-temps jolis et puérils : danser au clair de lune, chanter au bord des fontaines, composer des chapeaux de fleurs. Et voilà que l’amour humain la guette : les fées ne sont pas sévères et ne savent guère y résister.

Laris plaît à Madoine ; Madoine ne le cache pas à Laris. Madoine a le loisir d’écouter Laris, même en tressant le chapeau de fleurs. Ce jardin féerique est trop doux et trop beau, pour qu’elle y soupçonne une trahison ; et puis les fées croient peut-être à leur pouvoir. Enfin Laris séduit Madoine, et, sans défiance, l’amoureuse petite fée lui découvre l’issue du château enchanté. Point n’est besoin pour Morgane de punir la désobéissante ; plus terrible, le châtiment lui vient de l’objet de son amour ; Laris s’enfuit, emmenant Claris, et Madoine est abandonnée : Laris n’a souci alors ni d’elle, ni de l’enfant qu’il lui laisse en souvenir de son simulacre d’amour.

Il semble que l’humeur de Madoine s’assombrisse. Au lieu de composer des chapeaux de fleurs, elle machinera de noirs complots pour séparer Laris de