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LES FÉES DANS L’ÉPOPÉE CAROLINGIENNE

Après sa vie, Ogier, dans l’éblouissante cité de la fée Morgane, est accueilli avec des chants et des cortèges de chevaliers et de fées. Morgane lui pose sur la tête une couronne d’immortalité et d’oubli.

Mais un païen, Capalin, désole la chrétienté. Ogier, chevalier d’élite, quitte alors les délices d’Avalon et marche contre Capalin. Il le combat au nom d’Arthur, triomphe de lui, le convertit au Christ et l’emmène chez Morgane, où Capalin reçoit une couronne pareille à celle d’Ogier. Or, quand Ogier, se souvenant de Charlemagne et de ses amis, veut prendre congé de la fée et de leur fils Murmurin, deux cents ans se sont écoulés sans qu’il y paraisse au royaume de féerie. Ainsi se mêlent dès lors le monde franc des chansons de geste et le monde celtique des enchanteurs et des fées.

Dans Charles le Chauve, Dieudonné voit trois belles jeunes filles sorties d’une fontaine. Il devine en elles des fées. Elles le mènent à leur reine Gloriande, qui aime le chevalier, l’accable de dons et le transporte en son royaume.

Bientôt, les fées des chansons de geste nous feront connaître l’enchanteur Perdrijon, maître ès sciences magiques et capable d’accomplir mille tours. D’ailleurs, il se convertira, sera baptisé, fera pénitence, vivra en ermite, et s’imposera de longues années d’expiation, quitte à oublier ses vœux pour rendre service à un ami. Il peut amuser la fantaisie, mais il corrompt la pure beauté des vieux poèmes, où les paladins ne demandaient de secours qu’à leur grand cœur et à leur claire épée.