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LA VIE ET LA MORT DES FÉES


II

LE PETIT ROI OBÉRON


Voici s’échapper des manuscrits poudreux de nos vieilles chroniques un étrange et gracieux personnage, dont les destinées seront merveilleuses : c’est l’incomparable Auberon ou Obéron, le petit roi-fée, au front duquel Shakespeare doit mettre un jour une auréole de poésie, et qui sera l’inspirateur poétique de Wieland, musical de Weber. Huon de Bordeaux le rencontrera dans une forêt, sur le chemin de Babylone.

Cet Obéron a, sous ses ordres, une multitude de chevaliers-fées. Ici, la féerie possède je ne sais quel prestige héroïque.

Retenu par une influence cachée dans le bois merveilleux où règne le nain Obéron, Huon de Bordeaux, en butte à la vengeance et à la haine de Charlemagne, tente vainement de s’enfuir. Il doit, pour se sauver, accomplir les exploits que lui impose l’empereur : Obéron le guette au passage, et lui promet son amitié, s’il veut lui parler. Qu’il est charmant, cet Obéron ! Il a trois pieds de haut. Il est plus beau que le soleil. Il porte un manteau de soie et d’or. Il est, dit-on, fils de la fée Morgane et de Jules César. Il bâtit en une seconde des palais ravissants, et fait se dresser devant ses protégés des tables chargées de mets exquis. Il comble de prévenances ceux qu’il aime. Enfin, il ne doit point vieillir, et il entend les chants des anges du ciel. Il tient, des fées qui visitèrent Morgane, ses dons, ses pouvoirs et sa peti-