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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/210

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et de la raideur de deux officiers anglais.

Puis la limousine s’élança vers l’inconnu encore suivie de près par une autre auto.

Où allait Monsieur Gaston cette fois ?… Quelle heure de la nuit était-il ?… Qui donc suivait dans la seconde auto ?…

Ces trois questions demeuraient pour lui du mystérieux, de l’indéchiffrable.

Après une heure de vitesse modérée, la machine portant Monsieur Gaston et ses deux officiers s’arrêta.

À deux pas en arrière la seconde limousine en fit autant, et quatre personnages inconnus enveloppés de fourrures en descendirent.

Dès le premier abord Monsieur Gaston reconnut non loin de lui l’ancienne église à demi écroulée qui servait d’hôpital, et il pâlit.

Et, entraîné vers l’hôpital par ses deux gardes du corps, il pensait :

— C’est la confrontation… Il frissonna puis chancela en songeant que la sentence de mort allait peut-être suivre et, qu’avant l’aurore, il aurait fait le grand saut.

Les officiers le sentant faiblir le secouèrent rudement.

Puis ils entrèrent à l’hôpital précédés des quatre personnages inconnus, qui n’étaient autres que des officiers supérieurs.

Monsieur Gaston, d’un suprême effort se raidit et se prépara à faire face au terrible rôle qu’il allait jouer.

Hormis le chirurgien-major et l’une des gardes-malades, tout le monde, infirmiers et blessés, reposaient.

L’un des quatre officiers supérieurs échangea quelques paroles avec le chirurgien qui laissa voir sur sa physionomie un profond étonnement.

— Jules Marion !… balbutia le major… c’est donc vrai qu’il est coupable de trahison ?

— Nous venons d’établir la dernière preuve, répondit l’officier. Veuillez donc nous conduire à lui.

— Venez ! dit seulement le chirurgien.

L’instant d’après, le chirurgien, les quatre officiers supérieurs et les deux autres officiers entrainant Monsieur Gaston plus mort que vif, s’arrêtèrent devant le lit de Jules Marion. Les rideaux de blancheur éblouissante étaient fermés.

D’un geste lent le chirurgien les écarta et, au premier coup d’œil, il tressaillit, puis chancela comme frappé de vertige.

Et le même tressaillement… le même vertige saisit tous les spectateurs. Puis, il se produisit un recul de stupeur indéfinissable devant le lit vide de son blessé : Jules Marion n’était plus là !…