Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/254

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L’artillerie anglaise, inactive jusque-là lançait ses obus dans les régiments boches qui rétrogradaient, s’affolaient et disparaissaient sous terre.

Et chose plus affreuse encore des obus tirés trop à court plongeaient dans le cratère et à chaque éclatement des têtes rouges des membres mutilés des chairs ensanglantés jaillissaient pour retomber sur le tas grouillant de cette charcuterie inhumaine !

Cependant, nos amis du bataillon Saint-Louis se précipitaient sur le terrain au secours des blessés.

Raoul avait dit à Marcil :

— Quant à nous cherchons Jules Marion… il faut le retrouver mort ou vivant !

— Allons ! s’écria Marcil.

Et tous deux s’élancèrent vers l’ancienne tranchée que la formidable explosion de la mine avait presque totalement culbutée.

Marcil avait dit qu’il localiserait — quoi qu’il fût arrivé — la galerie de la mine.

En effet, quand ils atteignirent l’ancienne tranchée Marcil se dirigea de suite vers le puits d’où commençait le boyau de mine.

Par un heureux hasard ils trouvèrent ce boyau intact à son ouverture ; à ce point le parapet n’avait pas été brisé.

— C’est étonnant fit remarquer Raoul que cette partie de la tranchée soit demeurée intacte.

— Cela s’explique par le fait que le [illisible] coup de la mine s’est produit plus vers le Nord-Est.

— C’est égal à en juger par le cratère là-bas la galerie doit être complètement enfoncée.

C’est ce que nous allons savoir à l’instant répliqua Marcil qui s’engagea dans l’orifice souterrain.

Raoul le suivit.

La galerie allait en pente très douce avec direction Nord-Est.

Les deux amis firent quelques pas puis s’arrêtèrent dans l’obscurité très dense qui régnait.

Il est impossible d’aller plus loin sans lumière dit Marcil.

— J’ai des allumettes… émit Raoul.

— Des allumettes seulement ne suffiront pas à nous éclairer. Il me semble que je [illisible] un bout de chandelle quelque part.

Et Marcil fouillait activement ses poches.

Puis, ne trouvant rien :

— Peut-être l’ai-je dans mon sac…

— Et à tâtons il se mit à fouiller dans son havresac.

— Et bien ? demanda Raoul qui s’impatientait, trouves-tu ta chandelle ?

— Oui… je l’ai, répondit Marcil. Maintenant frotte ton allumette !

L’instant d’après le bout de chandelle [illisible] dans la noirceur du souterrain sa clarté [illisible] et diffuse que l’humidité faisait pétiller.