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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/259

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C’est à ce moment que Jules ouvrit les yeux. Il reconnut ses deux camarades, ses lèvres violacées et sanglantes exprimèrent un sourire de reconnaissance.

Raoul se pencha avidement sur le blessé :

— Comment te sens-tu ? demanda-t-il très ému.

Les lèvres du blessé remuèrent mais aucun son n’en sortit : cependant elles continuaient à sourire, et ce sourire rassura un peu nos deux amis.

À son tour Marcil demanda.

— Te sens-tu assez fort pour attendre que nous allions à la recherche d’un brancard ?

Les paupières du blessé battirent affirmativement et son sourire ne quitta pas ses lèvres.

— Courage ! dit Raoul, nous finirons bien par trouver quelque chose.

Et entraînant Marcil il commanda :

— Courons !

Tous deux s’élancèrent dans la direction de voitures d’ambulance qu’on voyait passer au loin à toute vitesse ; mais toutes allaient dans une direction opposée. Et Raoul et Marcil courant toujours se perdirent dans l’éloignement.

En dépit de son état lamentable Jules semblait ne pas trop souffrir.

Parfois ses paupières se fermaient comme si la lumière du jour leur eût fait mal… Puis elles se relevaient et les regards du blessé se portaient dans la direction prise par ses deux camarades comme s’il eût voulu voir s’ils revenaient.

Puis ses yeux se refermaient, un long soupir soulevait sa poitrine et il demeurait comme inanimé.

Vingt minutes s’étaient écoulées quand Jules rouvrit ses yeux de nouveau.

Il tressaillit violemment…

Ses paupières battirent rapidement…

Ses traits se contractèrent comme s’il eut été pris de folle épouvante…

Son bras — le seul qui lui restait — fit un mouvement comme s’il eût cherché à repousser quelques visions terribles…

Puis ses regards vitreux où passaient comme des lueurs de folie se fixèrent étrangement sur deux hommes qui venaient de s’arrêter devant lui.

Malgré leur déguisement en dépit des habits d’ouvriers qui les revêtaient Jules avait reconnu ces deux ennemis implacables :

Randall et Spalding.

Aux lèvres des deux scélérats un sourire de joie cruelle se dessinait… s’amplifiait…

Randall se pencha à l’oreille de Spalding et lui murmura quelques paroles mystérieuses — en même temps il lui mettait dans la main un objet que Jules ne put reconnaitre.

Mais nul doute que les paroles de Randall de-