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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/111

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père, reprit Marguerite. Il est « parti d’un trait, coupé de deux ; au premier d’azur aux trois épis d’or, en un trescheur d’hermines, qui est Joulou-Bretagne, au deuxième écartelé de Bretagne et de Rieux, au troisième d’hermines plein, au franc-canton de sable, qui est Plesguen, au quatrième de gueules au soleil radiant d’or avec la légende : clarus ante claros qui est de Clare… »

— De Clare ! l’interrompirent à la fois M. Beaufils et Comayrol.

— Notre aïeule paternelle, poursuivit Marguerite, était la fille aînée de Robert Clare Fitz-Roy-Jersey, duc de Clare, création de Jacques II ; marquis Clare et Fitz-Roy, comte Fitz-Roy, pour le peerage d’Écosse, baron Clare, Fitz-Roy et Jersey, au peerage du Royaume-Uni, grand d’Espagne de première classe et membre de l’Académie des Salamandres vertes de Bologne, A. M. D. G.

M. Beaufils et Comayrol avaient échangé un regard. Comayrol, qui s’était rapproché de M. Beaufils, lui dit à l’oreille :

— Tout cela est dans le dossier à l’étude. On jurerait qu’elle a appris sa leçon par cœur !

— A-t-elle pu tenir les papiers en main ? demanda M. Beaufils, également à voix basse.

— Impossible ! Le dossier de M. le duc est dans le propre secrétaire du patron, qui ne l’en a jamais sorti.

M. Beaufils adressa un salut souriant à Marguerite.

Le rôle de ce personnage semblait grandir à mesure que celui du roi Comayrol s’effaçait et tombait.

— Mademoiselle, dit-il, non sans une petite pointe d’ironie, vous avez là un joli talent d’archiviste paléographe, et je vous en félicite de tout mon cœur.

— Il n’y a pas de quoi, répondit sérieusement Marguerite. J’ai été élevée dans un pensionnat où l’on apprenait toutes sortes de choses. Êtes-vous le maître ici, mon cher Monsieur ?

— Nous sommes tous égaux, lança Comayrol avec une certaine emphase.

Les expéditionnaires et les surnuméraires lui surent gré de cette libérale déclaration, mais M. Beaufils cligna de l’œil en regardant Marguerite. C’était aussi une réponse.

Marguerite lui adressa un sourire.

— Venez çà, dit-elle. Avant de signer notre contrat, j’ai un renseignement à vous