Aller au contenu

Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res du soir venaient de sonner aux nombreux couvents de la rue de Sèvres. Le crépuscule luttait encore contre la lueur des réverbères. En outre, il faisait un temps superbe, et dans tout Paris il n’y avait pas un seul Parisien qui songeât à dormir.

Roland passa la porte cochère du no 3 de la rue Cassette : une grande et belle maison. Le concierge traitait ses amis. Sa fille avait un hennin sur la tête, une escarcelle au côté, et aux pieds des souliers à la poulaine. L’Auvergnat du coin, déguisé en escholier, lui parlait « avec son âme ». Roland ayant demandé maître Deban, le concierge se mit à rire.

— Ah ! ah ! dit-il, maître Deban ! un mardi gras ! excusez !

La concierge, plus sobre, répondit :

— Première porte à droite, dans la cour.

— À quel étage ? interrogea Roland.

— À tous les étages, fut-il répliqué.

Et un soldat du guet, barbu comme une chèvre, qui accrochait sa clé à un clou, ajouta :

— Cornes d’Hérode ! je gage cinq sols parisis contre un angelot au soleil que ce brelandier de garde-notes est déjà chez Orsini !

La première porte à droite dans la cour servait d’entrée à un pavillon de quatre étages et de cinq fenêtres de façade. Le double écusson doré qui promet aux passants le bienfait du notariat en ornait le frontispice. Roland frappa ; on ne lui répondit point. Il fit un pas en arrière afin d’examiner la maison. Le rez-de-chaussée et le premier étage étaient noirs. Des lumières brillaient au second, au troisième et au quatrième.

Roland tourna un bouton et entra. La lanterne du vestibule lui montra le mot Étude écrit en grosses lettres sur une porte ; cette porte était fermée. Des bruits de