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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/181

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le cœur de Roland.

— Ma mère est déménagée ! dit-il tout haut.

C’était un autre mot qui était dans sa pensée. La sueur qui perça sous ses cheveux glaçait son front.

Il heurta à la porte de la voisine. Comme elle ne répondait pas, il voulut appeler, mais sa voix s’étrangla dans sa gorge.

De la chambre de sa mère les bruits de fête venaient et broyaient son cerveau.

Il heurta encore.

— Qui est là ? demanda une voix troublée.

— Moi, Roland, répondit-il.

La voisine poussa un cri.

— Ah ! malheureux enfant ! fit-elle. D’où venez-vous ?

— Ma mère ! prononça-t-il d’un accent déchirant, ma mère ! où est ma mère ?

Il entendit que la voisine parlait tout bas. Une minute s’écoula, longue comme un siècle, puis la porte s’ouvrit, et Mme Marcelin parut, son bougeoir à la main.

— J’ai ma nièce chez moi, dit-elle avec embarras. Vous comprenez, ce n’est pas une heure convenable… Que Dieu ait pitié de nous ; il est déguisé en femme ! et gris, je crois !

Car Roland chancela prêt à tomber à la renverse.

La voisine acheva indignée :

— Allez-vous-en chez les gens d’où vous venez, entendez-vous, mauvais cœur ! Vous avez tué votre mère qui est au cimetière depuis huit jours !

La poitrine de Roland rendit un grand gémissement, et il s’affaissa comme une masse en travers de la porte.